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Lettre de M. Le Labousse[2], adressée a Paris, de Cochinchine, le 16 juin 1792 [3].
.... [358] Voilà bien des lettres que je vous ai écrites depuis trois ans que je suis entré en Cochinchine....
[359] Nous sommes toujours ici dans de continuelles alarmes. L'incertitude des affaires du Roi rend aussi notre sort le plus incertain. Dans le mois de février dernier, nous nous sommes vus à la veille d'être obligés d'abandonner notre cher troupeau, et de fuir pour échapper aux mains des ennemis. Ils étaient venus au nombre d'une trentaine de mille hommes par le Laos, qu'ils ont parcouru en vainqueurs, jusqu'au Cambodge. Les Cambodgiens remuaient déjà et se préparaient à venir ici avec les rebelles. D'ailleurs le bruit courait que l'usurpateur avait donné ordre à cette armée de venir par terre se jeter sur cette partie, qu'occupe le Roi, tandis que lui viendrait avec sa flotte boucher tous les ports, pour empêcher le prince d'échapper. S'il eût exécuté ce projet, c'était fait de nous et du Roi, qui, clans ce moment, n'était guère en état de soutenir un échec. Mais la Providence a encore détourné cet orage et nous a rendu un peu le calme. Soit que les ennemis aient eu peur des vaisseaux européens, qui sont tombés ici en grand nombre pour faire le commerce, soit qu'ils aient été arrêtés par deux armées que le Roi de Siam avait envoyées à leur rencontre pour les empêcher d'entrer dans le Cambodge, ils se sont retirés. Les voilà maîtres de la plus grande partie de la Cochinchine, de tout le royaume du Tonquin, qu'ils ont soumis, et probablement du Laos, où ils viennent de tout piller.
Le royaume de Cochinchine est ruiné par cette guerre.... Le pauvre Cochinchinois est presque réduit au désespoir. Ceux qui sont dans le parti du Roi sont malheureux ; mais ceux qui sont sous les rebelles le sont bien davantage....
[361] Nous avons appris dernièrement qu'un de nos confrères de la haute Cochinchine est actuellement à la cour du rebelle. Il a été obligé d'y venir pour donner quelques médecines à la femme du Tyran.... Aucun des confrères qui sont en ces parties n'osait se présenter; mais un des grands mandarins de la Cour, qui est chrétien, les y a déterminés. ... M. Gérard f1), le plus jeune des missionnaires, est celui qui s'est présenté pour être le médecin, quoiqu'il ne sache probablement pas beaucoup la médecine.... Rendu à la Cour, il a été accueilli avec beaucoup d'honneur, et le plus grand bonheur peut-être, c'est que la femme du rebelle est morte avant que le missionnaire ait pu la visiter. Le Tyran a été dans la plus vive douleur de ce qu'il n'ait pas été appelé à temps. Il a dit .... qu'il restât dans la ville. ... un si heureux accueil. ... ne tranquillisent pas ce cher confrère ; et aujourd'hui il est plus embarrassé que jamais, parce que le rebelle veut l'envoyer en ambassade à Macao pour inviter les Européens à venir faire le commerce chez lui....
[362] L'an passé, nous nous sommes vus à la veille de perdre M&n' d'Adran. Ce bon prélat, voyant le mauvais état des affaires du Roi, s'était déterminé à repasser en France, de peur que sa présence ne devînt funeste à tous les missionnaires, si le rebelle venait ici et avait le dessus. Le vaisseau était déjà préparé, lorsque tout à coup la divine miséricorde eut pitié de nous et nous a encore laissé notre digne pasteur ('). Au moment que j'écris ceci, on prépare encore un vaisseau, qui sous peu de jours doit nous l'enlever et le conduire à Macao, si le Seigneur ne vient promptement à notre secours pour empêcher ce voyage. Le Roi, qui a consenti d'abord, a dit depuis à un de nos confrères que Monseigneur ne pouvait pas s'en retourner. Les mandarins qui sont véritablement attachés au Prince, lui ont représenté que, s'il laissait partir le Grand Maître (c'est ainsi qu'ils appellent Monseigneur), tout le peuple perdrait courage et l'abandonnerait. En cela ils ont raison. Dès que les rebelles sauront que Monseigneur s'est retiré, ils ne tarderont pas à venir ici avec la plus grande confiance. Pour nous, il ne nous restera d'autre ressource que la fuite, si nous trouvons quelque issue. Tout ceci, Monsieur, nous jette dans la plus grande tristesse. En perdant Monseigneur d'Adran, nous perdons tout....
Tous les Messieurs français qui sont ici depuis plus de deux ans au service du Roi, vont s'en retourner à Macao. De ce nombre sont les deux MM. Dayot de Rhedon, et M. Vannier d'Auray. MM. Launay et Guilloux de Vannes sont repassés déjà à Pondichéry, le premier l'an passé, et le deuxième en janvier dernier. . . .
[Archives M-E, 746, p. 358-363.]